La redéfinition de la profession infirmière, justifiée par l'évolution des besoins en santé de la population, appelle les professionnelles à se centrer sur la prévention, le maintien et la promotion de la santé dans toutes les situations de soins (OMS, 1986). Or, cette réorientation, développée dans la formation initiale, pose problème quant à son intégration dans les pratiques de soins infirmiers. En effet, celles-ci, principalement déléguées par le corps médical et par l'institution, font apparaître l'injonction paradoxale au sein de laquelle les infirmières se situent: celle du développement d'une pratique autonome selon des objectifs donnés. A partir d'un échantillon (n=841) issu d'une enquête réalisée auprès des infirmières d'un CHU en Suisse (n=1951), au travers d'une approche sociocognitive (BANDURA,2003), la recherche des principaux facteurs favorisant le développement d'une « pratique de santé » (identifiée comme la centration sur le malade et sa santé selon sa propre définition de la santé) amène à préciser la notion d'autonomie dans les pratiques infirmières et à mettre en évidence une double dimension de l'agentivité autonome et hétéronome.